La disparition tragique de Matthew Perry, l’acteur mondialement connu pour son rôle de Chandler Bing dans la série culte “Friends”, a secoué Hollywood et ses nombreux fans à travers le monde. Mais au-delà de la perte d’une personnalité aimée, sa mort a également mis en lumière les dangers potentiels du traitement par kétamine, un médicament de plus en plus utilisé pour traiter la dépression, malgré ses risques mal connus.
Matthew Perry, dont les luttes contre la dépendance aux drogues et à l’alcool ont été bien documentées, avait partagé dans son autobiographie de 2022, “Friends, Lovers and the Big Terrible Thing”, son expérience avec la kétamine. Il avait découvert ce traitement lors d’un séjour dans un centre de réhabilitation en Suisse, où il recevait des infusions quotidiennes de ce puissant anesthésique, qui, espérait-il, pourrait soulager sa douleur émotionnelle et l’aider à sortir de sa dépression.
Perry a décrit ses premières expériences avec la kétamine comme une sorte de libération. “Cela ressemblait à une grande expiration”, a-t-il écrit, expliquant que le médicament l’amenait à un état où son ego semblait mourir, un état de dissociation qui, bien que fascinant, était également profondément perturbant. Toutefois, malgré cette première fascination, Perry a vite réalisé que la kétamine n’était pas faite pour lui. Les effets secondaires, notamment une gueule de bois déplaisante, l’ont conduit à renoncer à ce traitement.
Malheureusement, Perry est finalement revenu à la kétamine, cette fois-ci hors du cadre médical contrôlé. Selon les autorités, il a commencé à obtenir le médicament par des sources illicites, recevant plusieurs injections par jour dans sa maison de Los Angeles. Le 28 octobre, après avoir reçu plusieurs injections de la part de son assistant personnel, il a été retrouvé sans vie, face contre terre dans son jacuzzi. L’autopsie a révélé que la cause de son décès était liée aux “effets aigus de la kétamine”, avec la noyade comme facteur contributif.
La mort de Perry a suscité un débat intense sur la responsabilité des médecins et des cliniques qui prescrivent de la kétamine pour traiter des troubles mentaux. Bien que la kétamine ait été approuvée par la Food and Drug Administration (FDA) il y a plus de 50 ans comme anesthésique, son utilisation pour traiter la dépression reste controversée et peu testée.
Les défenseurs du traitement par kétamine soulignent ses effets antidépresseurs rapides, une aubaine pour les patients souffrant de dépression résistante aux traitements traditionnels. Cependant, même les partisans de la kétamine reconnaissent que les données sur la sécurité et l’efficacité à long terme sont encore insuffisantes. Le risque de dépendance, bien qu’inférieur à celui des opioïdes, demeure une préoccupation majeure, surtout pour les patients ayant des antécédents de toxicomanie.
Le cas de Matthew Perry soulève la question de savoir si les personnes ayant des antécédents d’abus de substances sont de bons candidats pour un traitement par kétamine. Plusieurs médecins ont exprimé leur inquiétude face à l’absence de directives claires et largement acceptées sur l’utilisation de la kétamine chez ces patients. “Je ne dirais pas que c’est absolument interdit”, explique le Dr Sanjay Mathew, psychiatre au Baylor College of Medicine, “mais il faut vraiment réfléchir aux inconvénients et se demander si cela pourrait provoquer une rechute.”
L’histoire de Perry met également en lumière les failles potentielles dans la surveillance médicale et les pratiques des cliniques spécialisées dans la kétamine. Selon un rapport de l’autopsie et d’autres documents publics, Perry avait vu plusieurs médecins au cours des mois précédant sa mort, certains d’entre eux lui ayant prescrit des traitements par kétamine, tandis que d’autres avaient jugé que ces traitements n’étaient plus nécessaires.
Des cliniques offrant des infusions et des prestataires de télémédecine vendant des comprimés ou des pastilles pour un usage à domicile ont rapidement comblé le vide réglementaire. Étant donné que la FDA a approuvé la kétamine pour une utilisation en tant qu’anesthésique pendant la chirurgie, les médecins peuvent la prescrire pour d’autres usages, ce qui laisse une marge d’interprétation large et parfois dangereuse.
Le décès de Matthew Perry est un rappel poignant des dangers qui accompagnent la popularité croissante de la kétamine comme traitement pour les troubles mentaux. Bien que ce médicament offre un espoir aux patients qui ont épuisé d’autres options, son utilisation doit être encadrée par des protocoles stricts et une surveillance attentive. “C’est un médicament qui pourrait potentiellement sauver de nombreuses vies”, souligne le Dr Gerard Sanacora, psychiatre à la Yale School of Medicine, “mais c’est aussi un médicament qui comporte de sérieux risques et qui doit être manipulé avec précaution.”
La mort de Perry a provoqué une onde de choc, non seulement en raison de la perte d’un acteur aimé, mais aussi en raison des implications plus larges pour le traitement des troubles mentaux. Les professionnels de la santé, les régulateurs et le public doivent tirer les leçons de cette tragédie pour éviter que d’autres vies ne soient perdues à cause d’une utilisation imprudente ou mal informée de médicaments puissants comme la kétamine.
À la suite de cette tragédie, il est impératif que des réformes soient mises en place pour mieux encadrer l’utilisation de la kétamine et d’autres substances psychédéliques dans le cadre des soins de santé mentale. Les médecins doivent être mieux formés pour évaluer les risques spécifiques à chaque patient, en particulier ceux ayant des antécédents de toxicomanie.
Il est également crucial que les régulateurs mettent en œuvre des directives claires pour l’utilisation de la kétamine, en veillant à ce que sa prescription soit fondée sur des preuves solides et un suivi rigoureux. De plus, les patients doivent être pleinement informés des risques associés à ces traitements, afin de prendre des décisions éclairées sur leur propre santé mentale.
En conclusion, la mort de Matthew Perry devrait servir de catalyseur pour une réflexion approfondie sur la manière dont nous abordons le traitement des troubles mentaux, en particulier lorsqu’il s’agit de substances potentiellement dangereuses comme la kétamine. Ce n’est qu’en prenant ces mesures que nous pourrons espérer éviter de nouvelles tragédies et offrir à ceux qui souffrent des soins dont ils ont réellement besoin.
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