“Short n’ Sweet” est une introduction captivante à la “princesse de la pop”, Sabrina Carpenter : drôle, intelligente, mais aussi séduisante.

Avec son méga-hit Espresso, Sabrina Carpenter a dominé l’été 2024, incarnant une jeune femme blonde à la fois mature, attirante, espiègle et avec une attitude “pick me”. Alors que de nombreuses artistes féminines poursuivent une image forte et indépendante, l’allure douce, moqueuse et provocante de Sabrina se démarque.

Attendu avec impatience par le public et la critique, l’album Short n’ Sweet a officiellement été lancé. Composé de 12 titres, dont les deux hits Espresso et Please Please Please, cet album offre une surprise avec une diversité de genres musicaux. Contrairement au son Nu-Disco des deux singles principaux et au concept visuel inspiré des années 80, Short n’ Sweet présente un mélange inattendu de genres, avec des morceaux aux influences country et dance pop.

Combiner plusieurs genres dans un album peut être une arme à double tranchant. D’une part, cela évite l’ennui et garde l’auditeur en haleine, mais d’autre part, cela peut nuire à la cohérence globale de l’album. Malheureusement, la construction musicale de Short n’ Sweet souffre de ce dernier aspect : elle manque de fluidité.

La qualité des morceaux de l’album est inégale. Les trois singles sélectionnés sont aussi les titres les plus remarquables. Si l’auditeur attend des mélodies Nu-Disco captivantes, sans être révolutionnaires, comme Espresso, ou une fusion harmonieuse entre le synthwave et les sonorités country dans Please Please Please, ou encore un morceau sarcastique comme Taste, il risque d’être déçu par le reste de l’album.

Des morceaux comme Good Graces, Bed Chem et Dumb & Poetic tombent dans les clichés du genre pop, sans innovation musicale ou conceptuelle. Coincidence et Slim Pickins sont trop courts et répétitifs, au point d’en devenir lassants. Comparé à son album précédent emails i can’t send, les titres de Short n’ Sweet manquent de créativité, aussi bien dans la composition que dans l’interprétation.

Il semble que le manque de sérieux soit intentionnel dans cet album. Sabrina a révélé que le titre Bed Chem avait été choisi par elle et une amie parce que cela sonnait “séduisant mais sans signification”. Cependant, cela ne justifie pas l’approche légère, voire négligée, de l’artiste sur la majeure partie de l’album. Si l’on ne l’écoute que deux fois, ou qu’on l’entend distraitement dans un café, Short n’ Sweet ne se présente pas comme une réussite de Sabrina Carpenter. Mais pour ceux qui persistent, des trésors cachés attendent les auditeurs patients.

L’espièglerie, l’ironie et même la provocation de Sabrina ne sont pas apparentes à la surface, mais se révèlent dans des perles comme Sharpest Tool. Le riff de guitare “rebondissant” et les légères touches d’effet sur la voix ouvrent une atmosphère musicale rafraîchissante et dynamique, que l’on appréciera davantage avec un bon équipement sonore. Juno est également l’un des rares morceaux qui bénéficie d’un développement musical complet dans tout l’album.

Sabrina a expliqué que Short n’ Sweet ne raconte pas une histoire continue, mais est plutôt un ensemble de “relations brèves mais mémorables”. Ainsi, le personnage féminin n’a pas beaucoup d’espace pour exprimer des émotions sincères, complexes et profondes à travers les chansons. Cependant, l’humour et l’écriture imagée de Sabrina représentent un défi amusant pour les fans dotés d’une imagination fertile.

Après 10 ans de carrière, Sabrina Carpenter commence à récolter les premiers fruits de son travail. Short n’ Sweet constitue un test crucial avant de se faire une place parmi les nouvelles stars de la pop. Sabrina et son équipe ont fait des choix judicieux pour présenter l’image de cette jeune femme espiègle au grand public. Si l’album dans son ensemble n’est pas aussi accrocheur que les trois singles, il ne manquera pas de susciter des débats intéressants. Fidèle à sa personnalité, Sabrina Carpenter évolue sur la fine ligne entre l’espièglerie et la négligence.